Cet été, Nos séjours heureux vous emmènent à Evasoleil, une association d'éducation populaire qui opère depuis près de quinze ans dans le pays médocain. Dans le quatrième volet de cette série, les adolescents prennent la parole. Sur des questions tirées au sort - sur la vie, l'école, les adultes, la colo... - ils s'expriment librement, créent des débats. Écoutons les alors : ils ont bien des choses à nous apprendre.
Par M.V. Publié le 8 août 2024. Temps de lecture : 8 minutes
Vendays-Montalivet (Gironde)
1er août 2024, 13 h 30. Le conducteur ouvre les portes de la Dacia Lodgy et tourne les clés dans le contact. Un groupe de 16-17 s'enfourne dans l'auto, surchauffée. Dans la main d'Aymen une enceinte, la playlist est prête. Direction le lac d'Hourtin, 30 minutes de route crevassée qui longe l'Atlantique. Dans un sachet vert vieillot, récupéré d'un vieux de Scrabble qui traînait dans le mobil-home, une dizaine de questions inscrites sur des bouts de papiers découpés. L'adolescence, les vacances, les colos, l'école... Klervia pioche. La playlist attendra.
“Le rythme scolaire te convient-il ?”
Écouter les jeunes
Klervia : « Moi je pense que l'école fonctionnerait mieux si on faisait pas 8 h - 17 heures, si on commençait moins tôt. Genre notre cerveau il est pas assez réveillé le matin, on se couche tard parce qu'on fait des activités etc. On se lève il est 7 heures, on va à l'école la tête dans le cul et voilà quoi (rires) »
Arthur : « Ça c'est beau pour le journal “la tête dans le cul”. »
Klervia : « Bah désolé moi je vais la tête dans le cul au lycée. Je suis pas réveillé le matin, je comprends un mot sur deux et je finis par m'endormir pendant les deux premières heures. »
Arthur : « En fait, c'est que c'est terrible notre système scolaire car on est vraiment l'un des pays en Europe qui travaille le plus pour des résultats qui sont exécrables comparés aux autres pays. Notamment la Finlande qui ne travaille qu'une moitié de journée. (Gabin: L'Allemagne, l'Espagne !) Non l'Espagne ils sont moins bons.
Mais bon, que d'autres pays qui travaillent beaucoup moins mais beaucoup plus efficacement. Et je pense que si on faisait quelque chose, peut-être que les élèves seraient plus impliqués dans les cours et il vaut mieux prôner la qualité que la quantité. »
Gabin : « Et ça peut trop nous fatiguer de faire des grosses journées alors que si on faisait des petites journées où c'était... comment dire... synthétique les cours, et ben on pourrait peut-être mieux comprendre et plus avancer dans notre programme. »
Klervia : « Mais y a des écoles qui font déjà ça. Moi j'étais dans un lycée, de la troisième à la seconde. Et je faisais que 10 h - 15 heures tous les jours et j'avais que deux matières par jour. Et ça marchait trop bien genre. J'avais des supers notes. C'était là où j'avais mes meilleurs résultats. »
| « Je pense qu'on privilégie trop... on définit trop le terme “intelligence” » Aymen
Quentin : « Moi je dis pour revenir sur ce que disait Arthur, sur la manière d'enseigner, je trouve particulièrement dans les langues étrangères, que ce soit l'espagnol ou l'anglais, on est vraiment exécrables au niveau international. Je pense que ça a vraiment à voir avec la manière d'enseigner. C'est pas pédagogique, les élèves ne sont pas impliqués, on n'est pas là pour apprendre des choses.
Je pense que si on arrivait à changer les méthodes d'enseignement pour faire quelque chose de plus vivant... et plus oral parce qu'on va pas se mentir, la grammaire c'est hyper important, mais c'est surtout la manière dont on va parler, discuter avec quelqu'un, qui permet de communiquer. Je pense que les langues étrangères ça devrait être plus travaillé en France. »
Aymen : « Moi je pense que le système français actuel est vraiment, fin' exécrable je vais réutiliser le terme. Mais du coup pourquoi, c'est parce que je pense qu'on privilégie trop... on définit trop le terme “intelligence”. Par exemple tu vas être en cours tu vas pas réussir à faire l'exercice tu vas être plus bête qu'un autre, alors que c'est pas de l'intelligence pour moi l'école, c'est plus du par cœur ce qu'on nous apprend. C'est hop, tu rentres chez toi, t'apprends tes leçons, tu révises, et voilà tu lis ton cours en fait. Tu le refais sur ton contrôle, et pour moi c'est pas ça la vraie intelligence.
C'est pas du tout ça ce qui va nous servir dans la vie, on devrait nous apprendre les vraies choses de la vie genre... les galères pour trouver un appartement des fois, les impôts, les trucs, y a pleins de choses dans la vie du quotidien qui peuvent nous aider, on l'apprend mais un peu tard je trouve. On nous bassine avec pas mal de formules de mathématiques tout ça, qui nous serviront jamais dans la vie à 99% d'entre nous. Voilà. »
Gabin : « Peut-être plus écouter les jeunes. Parce que l'État il veut encore nous rajouter des heures de cours. Fin' au collège. Ils veulent faire je crois du 8 h - 18 heures tous les jours de la semaine. Et je trouve ça dommage parce que ça veut dire que déjà on a du mal à faire des journées de 8 à 17, s'ils veulent encore plus nous en rajouter même le mercredi où normalement on n'a pas cours tout ça, on aura encore plus de mal. »
Élisa : « Moi, dans une perspective étrangère, je fais l'école en Suède, je trouve qu'on a pas des grosses journées comme en France. Nous on finit à 14 h - 15 heures, du coup je trouve que c'est mieux parce que je peux me concentrer toute la journée, je perds pas mon “focus”. On n'a pas des cours comme en France, c'est pas le même truc, et ça marche très bien. Donc ça changera beaucoup pour les Français si les journées étaient plus courtes. »
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“Les adultes n'écoutent pas assez les jeunes”
Écouter les jeunes
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1er août 2024, 16 h 30. Un second groupe d'adolescents se presse dans la Lodgy, après le catamaran. Retour au camp.
“En colo, je préfère quand les animateurs organisent tout”
Écouter les jeunes
Lise : « Je pense que c'est intéressant qu'ils nous laissent faire parce que du coup on peut proposer tout ce qu'on veut et tout. On est vraiment indépendant des activités, même si c'est encadré, et qu'après quand on la fait ça ressemble pas du tout à ce qui était prévu de faire. Mais j'aime bien aussi quand les animateurs... quand tout est prêt, tout est carré. Mais c'est en fait... comme on prépare nous même nos activités c'est pas comme dans les autres colos, c'est assez différent. »
Elsa : « Je pense que c'est mieux que les animateurs n'organisent pas tout, mais la plupart des activités, parce que nous pour l'organisation on n'est pas très... voilà pas très fort... Du coup les animateurs ont plus d'expérience. Pour organiser c'est mieux. »
| « Je pense que ça serait bien que les anim's organisent un peu plus parce que quand ils disent qu'ils se couchent à 2 heures du matin pour travailler, je sais ce qu'ils peuvent faire... » Brieuc
Merwan : « Moi je préfère quand les animateurs ils organisent tout. Parce que des fois les activités qu'on fait c'est un peu du n'importe quoi. Et euh... (Elsa : plus fort !) Mais tu m'as coupé dans ma pensée ! ... »
Brieuc : « Je pense que ça serait bien que les anim's organisent un peu plus parce que quand ils disent qu'ils se couchent à 2 heures du matin pour travailler, je sais pas ce qu'ils peuvent faire sachant qu'on fait des loups-garous et qu'on va à la plage. Et les sorties sont limitées à maximum 10 €, si ce n'est moins. »
Julie : « Moi je trouve ça bien, que ça soit nous qui proposons les trucs. Mais en fait il faudrait juste qu'ils nous aident beaucoup plus. Parce que des fois y a des choses qui sont annulées au dernier moment. Du coup on n'a rien à faire. En gros faudrait qu'il y ait un plan B organisé par eux et qu'il y ait déjà des activités préparées. »
Lise : « Et aussi ce serait bien qu'ils se focus sur surveiller les gens comme ça on peut faire genre des grandes activités ensemble, tous ensemble. Parce que... au bivouac, on n'a pas été accepté nous parce que y avait pas assez d'animateurs. »
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“J'ai peur en l'avenir”
Écouter les jeunes
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