Cet été, Nos séjours heureux vous emmène à Evasoleil, une association d'éducation populaire qui opère depuis près de quinze ans dans le pays médocain. Pour le troisième épisode de la série Evasoleil, nous avons laissé la parole aux animateurs. Sur des petits bouts de papier, une question, une affirmation, une pensée,  était écrite. Au hasard du tirage, ou de leur propre choix, ils en ont sélectionné une puis avant d'y répondre. Témoignages. ​​​​​​​
Par M.V. Publié le 7 août 2024. Temps de lecture : 4 minutes
Vendays-Montalivet (Gironde)
   
Zoé, animatrice permanente à mi-temps à Evasoleil 

Un séjour de vacances, 
c'est politique 

« Oui, clairement même. Hyper politique,  surtout à Evasoleil où on prône des valeurs hyper fortes auprès des jeunes, comme le vivre-ensemble par exemple où on a des publics en mixité. Et ce sont des jeunes qui ne se seraient peut-être jamais rencontrés ailleurs. Et pour moi, c'est hyper important de faire ça car ça leur offre une ouverture d'esprit pour leur vie future. Ils vont peut-être pouvoir derrière militer pour des bonnes causes. On a des jeunes parfois qui arrivent et qui sont racistes, homophobes. Pouvoir faire cette ouverture d'esprit, créer quelque chose même si c'est une toute petite porte, pour moi, c'est hyper important. Ouais, c'est hyper politique pour leur vie future, pour leur vie de tous les jours. Ils vont pouvoir apporter des choses à leurs potes, à leur famille... Voilà.  » 
Clarisse, étudiante infirmière

Un-e animateur-ice, ça ne fait qu'animer

« Pas du tout, c'est complètement faux... On est là pour... On fait de l'éducation aussi pour certains publics d'enfants. On les rassure beaucoup, on est un peu leurs parents, ou leur copain - avec des limites bien sûr - pendant les semaines où ils sont en colo, donc on n'est pas là juste pour animer. On est 24h/24 ensemble. Y a aussi des temps où on n'est pas là en train d'animer, des temps de vie juste collective où on mange avec eux, où on se raconte des histoires, on se raconte nos vies... Donc on rentre un peu dans l'intimité des enfants. Donc dans ces moments-là on n'est pas du tout là pour animer. Des fois, on a à gérer des situations très compliquées de vie personnelle, de traumatismes, de violences. Donc là on n'anime pas du tout et... Voilà, on les épaule et on est là pour eux.  » 
Samuel, étudiant en biologie

Animateur est un métier essentiel

« Je pense qu'il est essentiel à plusieurs égards dans le développement surtout des enfants et des jeunes qui viennent. Ici, c'est un libre espace d'expression où tout le monde peut exprimer un peu sa part de soi, mais aussi faire des expériences. Tenter, parfois échouer, parfois réussir mais avoir toujours une seconde chance. Et je pense que du coup, toutes ces expériences ça fait que les jeunes et les enfants apprennent énormément en termes de responsabilité, d'autonomie, d'avis critique, de compréhension, de vivre-ensemble. Et beaucoup de questions autres que la société ou les parents ne leurs mettent pas forcément entre les mains. Donc je pense qu'on apprend énormément en une semaine de colo, ou en deux semaines, ou trois semaines. Mais que ça soit d'ailleurs autant pour les jeunes que pour les adultes, le staff où toutes les personnes qui y sont. Donc je pense que oui en termes de développement personnel et de développement intra-personnel, c'est assez essentiel.  » 
Hakim, étudiant en informatique

Le vivre-ensemble, 
c'est possible

« Je pense que dans la vie de tous les jours, c'est difficile de se mélanger avec des gens qu'on ne connaît pas. On a tendance à rester avec des gens qui nous ressemblent. Y a des endroits comme les colos où la mixité sociale est mise en place, où on essaye de mélanger les jeunes un maximum. Où leurs différences sociales ne sont presque pas visibles. Ils sont tous sur le même pied d'égalité, ils essayent de tous faire les mêmes activités. On mange tous la même chose et dans ces cas là on la voit pas trop la mixité sociale, ça fait ressortir l'humain qu'est en eux et pas l'apparence. » 
Anaïs, animatrice et membre 
du conseil d'administration

En tant qu'animatrice, j'ai pu aider un ou plusieurs jeunes 

« Y a une histoire direct qui me vient, c'est une jeune sur ma première année en 14-17 qui avait une vie hyper compliquée. C'était la première fois qu'elle partait en colo, donc... elle était hyper stressée... hyper angoissée. Et qui avait du mal à se livrer aux autres. Et j'ai réussi à créer des liens de fou avec elle. Et je pense que ça me marquera toute ma vie et c'est ça qui m'a donné envie de continuer là-dedans, vraiment. Et, je pense que j'ai pu l'aider à un peu oublier sa vie pendant le temps d'une semaine. Et c'est fou de réussir çà faire ça avec quelqu'un et là y a pas longtemps elle m'a envoyé un message pour me remercier alors que c'était y a deux ans. En mode : “ là tu m'as donné envie de faire de l'animation, mon BPJEPS et tout, l'année prochaine je viens en tant qu'anim ”. C'est trop satisfaisant d'avoir ce genre de retours même deux ans après. Et ouais je pense que j'ai réussi à l'aider rien que le temps d'une semaine. Et c'est incroyable.» 

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